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Page:Œuvres complètes de Delphine de Girardin, tome 6.djvu/430

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Madame des Aubiers

Ah ! tu me fais mourir !… C’est par charité qu’il me torture, ainsi !… Pauvre homme… tu as raison, cette joie m’écrase.

(Elle tombe épuisée sur le fauteuil.)
Noël.

Madame…

Madame des Aubiers.

Laisse-moi… laisse-moi…

Noël à part.

Que faire ? Faut-il ?… je vais les appeler.

(Il va à la fenêtre.)
Madame des Aubiers

Mais si on les avait trompés… s’il me fallait perdre cet espoir ! Non, Blanche ne me l’aurait pas donné… la nouvelle est certaine. Oh ! oui, j’en crois ma joie !… Cette joie délirante qui m’enivre est un pressentiment, c’est une preuve !… Dieu ne permettrait pas cette sublime joie à une mère dont l’enfant serait au cercueil !… Si je l’éprouve, cette joie, c’est que mon fils est vivant… Oui, il vit… je le sais, je le sens !….


Scène XXII.

MADAME DES AUBIERS, MATHILDE, NOËL.
(Mathilde entre vivement et s’arrête.)
Madame des Aubiers

Mathilde ! Celle-là va se trahir… Elle a changé de coiffure… c’est la coiffure qu’aime Adrien… Elle l’attend ! (Elle va à Mathilde. — Haut.) Mathilde !

Mathilde n’osant la regarder.

Cette espérance si douce vous agite… calmez-vous. Moi, je n’ose croire tout ce qu’ils disent… ces renseignements sont peut-être…

Madame des Aubiers.

Pourquoi détournes-tu les yeux ?

Mathilde.

Votre vue me serre le cœur… cette émotion si vive…

Madame des Aubiers.

Je suis plus forte qu’on ne le pense, Mathilde ; me voilà bien préparée à ce bonheur. — Tu attends Adrien ?

Mathilde.

L’attendre !… Oh ! non, pas encore…