Page:Œuvres complètes de Delphine de Girardin, tome 6.djvu/458

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Amédée à part, très-ému.

Voilà le moment !… Il me passera plutôt sur le corps !

(Il court à la porte du salon et balaye vivement pour l’empêcher d’entrer.)
Rodrigues regarde dans le salon.

Où est-elle donc, la pendule ?

Amédée à la porte du salon.

Elle est là-bas. J’ai nettoyé le marbre de la cheminée, et j’ai posé la pendule sur le divan. — Les coussins vous la cachent, monsieur. Moi, je la vois, parce que je sais qu’elle y est… mais il faut savoir…

(Avec le manche du balai, il enlève le chapeau de Rodrigues qui entre dans le salon.)
Rodrigues.

Quel remue-ménage ! Ce n’est pas très-commode de naviguer à travers des écueils de chaises, de fauteuils…

Amédée très-agité.

C’est même impossible. Le déjeuner est servi. (À Rodrigues.) Monsieur attend monsieur… Monsieur, les radis refroidissent… (Dans son trouble il époussette le déjeuner.) Oh ! qu’est-ce que je dis ?

Rodrigues rentre sans chapeau.

Je la verrai plus tard.

(Il s’assied à gauche de la table.)
Gonzalès à part, s’asseyant à droite de la table.

Elle !… Toutes les femmes, mais pas elle !

(Il prend les radis dans le sucrier et les met dans sa tasse.)
Rodrigues.

Eh bien ! qu’est-ce que tu fais ? Tu sucres ton thé avec des radis… Passe encore pour des betteraves !

Gonzalès.

C’est cet imbécile aussi qui s’est trompé !

Rodrigues.

Bon ! il a mis le sucre dans l’eau des radis et le voilà qui fond à plaisir…

Gonzalès.

Amédée, voyez un peu ce que vous faites !

Amédée derrière la table.

Pardon, monsieur, j’aurai été distrait… par une distraction…