Page:Œuvres complètes de Delphine de Girardin, tome 6.djvu/457

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Rodrigues.

Ah ! c’est que tu as la mine d’un homme qui a perdu quelque chose.

(Amédée rentre, apportant le déjeuner sur un plateau.)
Gonzalès.

J’ai… j’ai la migraine tout bonnement, parce que je meurs de faim ; en me faisant déjeuner, tu me sauves la vie.

Rodrigues.

Et la belle des belles sera-t-elle des nôtres ?

Gonzalès.

Non, elle est sortie.

Rodrigues.

Pour toute la journée ?… et elle rentrera ce soir à cinq heures, avec un petit fichu de soie dans un papier ou un petit ruban qu’elle aura mis cinq heures à choisir… Je connais ça ; ma femme aussi était sortie quand je suis rentré à la maison. (À part.) Il est jaloux, nous allons rire.


Scène XVIII.

GONZALÈS, RODRIGUES, AMÉDÉE.
Amédée mettant le couvert, à part.

Déjeuner à table… invention de paresseux ! Allons, je ne sais plus ce que je fais…

(Il reporte sur le poêle une lampe qu’il allait mettre sur la table.)
Rodrigues à Gonzalès.

Parions que Stéphanie est allée acheter des petits rubans ?

Gonzalès.

Le grand mal !…

Rodrigues.

Le grand mal ?… il n’y en a pas ; mais je parie… la pendule…

Amédée.

Oh ! qu’est-ce qui parle de pendule ?

(Dans son trouble il met les radis dans le sucrier et les morceaux de sucre dans le bateau aux radis.)
Rodrigues.

Cette belle Vénus ! J’en ai vu une hier chez Monbro, du même style, mais quelle différence !

(Rodrigues se dirige vers la porte du salon.)