Page:Œuvres complètes de Delphine de Girardin, tome 6.djvu/476

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Julie ouvrant l’armoire.

Dans cette armoire !… mais il n’y a personne.

Finot.

Si fait !

Julie.

Comment ?

Finot.

Il y a une oie… je l’ai serrée, après déjeuner, avec ses deux ailes… et il n’y en a plus une ! Il y a un pâté, j’en avais serré la moitié… et il n’y en a plus rien !… Personne de la maison n’a mangé depuis le déjeuner,… Il faudrait donc que le pâté eût pris les ailes de l’oie pour s’envoler !… ça ne me paraît pas naturel.

Julie.

Quoi ! l’on oserait ! au risque de me déplaire… de me compromettre même…

Finot.

Pour ce qui est de ça, citoyenne, impossible ! une femme comme toi ne peut pas être compromise… une républicaine pur sang, qui a rompu avec son modéré de mari, sa modérée de famille et ses petits modérés d’enfants… qui vous a campé tout ça à la porte, par amour pour la chose publique, et qui va épouser, à ce qu’on dit, le citoyen Rosette, le commissaire du gouvernement, un bon, un pur, un vrai, celui-là !…

Julie.

Mais enfin, qui soupçonnes-tu ?

Finot.

Je soupçonne Échalote !

Julie.

Rosalie ?

Finot.

Ci-devant Rosalie, aujourd’hui Échalote… Mais ne crains rien, je la suis de l’œil.

Julie.

Et qu’as-tu donc découvert encore ? parle, parle vite…

Finot.

Voilà… Cette nuit, j’ai entendu du bruit dans le corridor, là-haut, des pas qui marchaient… Bon. Je me suis levé, j’ai allumé ma chandelle, je suis allé visiter le corridor, et au coin, comme je tournais le tournant, j’ai senti un petit