Page:Œuvres complètes de Delphine de Girardin, tome 6.djvu/507

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Scène XVI.

JULIE, puis JEANNE.
Julie seule.

Il était temps… je me sentais vaincue… Ah ! comme elle est jolie !… comme j’aurais voulu l’embrasser… Oh ! son petit fichu !… ô cher trésor !… va, je te garderai précieusement (Elle couvre de baisers le fichu.) Ma pauvre enfant ! ma chère petite Jeanne !…

(Jeanne paraît à la porte, elle guette un moment. Voyant sa mère qui baise avec passion le petit fichu, elle court vers elle.)
Jeanne.

Ah !… je savais bien, moi, que tu m’aimais !

Julie vaincue, la presse dans ses bras.

Toujours, toujours !… je n’ai plus de courage !…

Jeanne l’embrassant avec passion.

Maman… maman… je t’ai retrouvée !… mais je serai bien sage, je cacherai à tout le monde que tu m’aimes, je ferai semblant d’avoir du chagrin… Quel bonheur !… le bon Dieu m’a écoutée… tous les soirs je le prie pour que tu recommences à nous aimer, maman !…



Scène XVII.

JULIE, JEANNE, DE LANGEAIS.
De Langeais à la porte de la chambre.

Cette petite voix… ah !… ma fille !… je n’y tiens plus !… (Il s’élance follement et enlève l’enfant dans ses bras.) Cela m’est égal, je serai guillotiné, mais je l’embrasserai, !… elle est trop gentille !…

Jeanne.

Lui !… lui !… oh ! que je suis contente !…

Julie.

Tais-toi, ne nomme pas ton père… c’est pour le cacher que je fais semblant de te haïr… ô ma fille, si tu dis un seul mot, nous sommes tous perdus !…

Jeanne.

N’ayez pas peur… je ferai comme Fanny de Clermont, qui