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Page:Œuvres complètes de Florian, Fauché-Borel, 1793, tome 9 - fables.djvu/44

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Cela console un peu. Comme il disoit ces mots,
Il découvre en un pré le plus beau des troupeaux,
Des moutons gras, nombreux, pouvant marcher à peine,
Tant leur riche toison les gêne,
Des beliers grands & fiers, tous en ordre paissants,
Des brebis fléchissant sous le poids de la laine,
Et de qui la mamelle pleine
Fait accourir de loin les agneaux bondissans.
Leur berger, mollement étendu sous un être,
Faisoit des vers pour son Iris,
Les chantoit doucement aux échos attendris,
Et puis répétoit l’air sur son hautbois champêtre.
Le roi tout étonné disoit : Ce beau troupeau
Sera bientôt détruit ; les loups ne craignent guere
Les pasteurs amoureux qui chantent leur bergère ;
On les écarte mal avec un chalumeau.
Ah ! comme je rirois !… Dans l’instant le loup passe,
Comme pour lui faire plaisir ;
Mais à peine il paroît, que, prompt à le saisir,
Un chien s’élance & le terrasse.
Au bruit qu’ils font en combattant,
Deux moutons effrayés s’écartent dans la plaine :
Un autre chien part, les ramene,
Et pour rétablir l’ordre il suffit d’un instant.
Le berger voyoit tout couché dessus l’herbette,
Et ne quittoit pas sa musette.