Le cadet n’avoit que la peau
Collée à sa tranchante échine.
Cependant ce cadet, du matin jusqu’au soir,
De la cave à la gouttière
Trottoit, couroit, il falloit voir !
Sans en faire meilleure chère.
Enfin, un jour, au désespoir,
Il tint ce discours à son frère :
Explique-moi par quel moyen,
Passant ta vie à ne rien faire,
Moi travaillant toujours, on te nourrit si bien,
Et moi si mal. La chose est claire,
Lui répondit l’aîné : tu cours tout le logis
Pour manger rarement quelque maigre souris.
— N’est ce pas mon devoir ? — D’accord, cela peut être ;
Mais moi, je reste auprès du maître,
Je sais l’amuser par mes tours.
Admis à ses repas, sans qu’il me réprimande,
Je prends de bons morceaux, & puis je les demande
En faisant patte de velours ;
Tandis que toi, pauvre imbécile,
Tu ne sais rien que le servir.
Va, le secret de réussir,
C’est d’être adroit, non d’être utile.
Page:Œuvres complètes de Florian, Fauché-Borel, 1793, tome 9 - fables.djvu/80
Cette page n’a pas encore été corrigée
![](http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/b/b7/%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_de_Florian%2C_Fauch%C3%A9-Borel%2C_1793%2C_tome_9_-_fables.djvu/page80-1024px-%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_de_Florian%2C_Fauch%C3%A9-Borel%2C_1793%2C_tome_9_-_fables.djvu.jpg)