ability to render himself very useful in the cause of humanity. »
Le reste ne pouvant s’adresser qu’à votre amour-propre, permettez-moi de le supprimer.
Il est doux, il est consolant de marcher dans la vie appuyé par un tel témoignage. Il y a bien quelque chose au fond du cœur qui nous parle de notre propre mérite ; mais quand nous voyons l’aveuglement de tous les hommes à ce sujet, comment pouvons-nous avoir jamais la certitude que le sentiment de nos forces en est la mesure ? Pour vous, vous voilà jugé et consacré ; vous êtes voué à la cause de l’humanité. Apprendre et répandre, telle doit être votre devise, telle est votre destinée.
Oh ! comme mon cœur battait quand je lisais votre description du grand meeting de Manchester ! Comme vous, je sentais l’enthousiasme me pénétrer par tous les pores. Jamais rien de semblable, quoi qu’en dise Salomon, s’était-il vu sous le soleil ? On a vu de grandes réunions d’hommes se passionner pour une conquête, pour une victoire, pour un intérêt, pour le triomphe de la force brutale ; mais avait-on jamais vu dix mille hommes s’unir pour faire prévaloir par des moyens pacifiques, par la parole, par le sacrifice, un grand principe de justice universelle ? Quand la liberté du commerce serait une erreur, une chimère, la Ligue n’en serait pas moins glorieuse, car elle a donné au monde le plus puissant et le plus moral de tous les instruments de civilisation. Comment ne voit-on pas que ce n’est pas seulement l’affranchissement des échanges, mais successivement toutes les réformes, tous les actes de justice et de réparation, que l’humanité pourra réaliser à l’aide de ces gigantesques et vivantes organisations !
Aussi, avec quel bonheur, je dirai presque avec quel délire de joie, j’ai accueilli la nouvelle que vous me donniez à la fin de votre lettre ! La France aurait aussi sa ligue !