Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 1.djvu/274

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tort est d’être fondée sur une observation inachevée, et par conséquent de choquer la logique.

Ce n’est pas ici le lieu de démontrer la légitimité de la rente foncière ; mais devant donner à cet écrit un but utile, je dirai, en peu de mots, comment je la comprends, et en quoi errent mes adversaires.

Vous avez certainement connu à Paris des marchands qui voient leurs profits s’augmenter annuellement, sans qu’on puisse en conclure qu’ils grèvent chaque année le prix de leurs marchandises. Bien au contraire ; et il n’y a rien de plus vulgaire et de plus vrai que ce proverbe : Se rattraper sur la quantité. — C’est même une loi générale du débit commercial, que plus il s’étend, plus le marchand augmente la remise à sa clientèle, tout en faisant de meilleures affaires. Pour vous en convaincre, vous n’avez qu’à comparer ce que gagnent, par chapeau, un chapelier de Paris et un chapelier de village. Voilà donc un exemple bien connu d’un cas où, quand la prospérité publique se développe, le vendeur s’enrichit toujours et l’acheteur aussi.

Or, je dis que ce n’est pas seulement la loi générale des profits, mais encore la loi générale des Capitaux et des Intérêts comme je l’ai prouvé à M. Proudhon, et la loi générale de la Rente foncière, comme je le prouverais, si je n’étais exténué.

Oui, quand la France prospère, il s’ensuit une hausse générale de la Rente foncière, et « le riche devient toujours plus riche. » Jusque-là Ricardo a raison. Mais il ne s’ensuit pas que chaque produit agricole soit grevé au préjudice des travailleurs ; il ne s’ensuit pas que chaque travailleur soit réduit à donner une plus forte proportion de son travail pour un hectolitre de blé ; il ne s’ensuit pas, enfin, que « le pauvre devienne toujours plus pauvre. » C’est justement le contraire qui est vrai. À mesure que la