Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 1.djvu/273

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un argument pensent que je leur suis très-redevable ; je suis convaincu du contraire. Si je ne m’étais laissé entraîner à aucune controverse, si je n’avais examiné aucun système, si je n’avais cité aucun nom propre, si je m’étais borné à établir ces deux propositions : Les services s’échangent contre des services ; La valeur est le rapport des services échangés ; — si ensuite j’eusse expliqué, par ces principes, toutes les classes si compliquées des transactions humaines, je crois que le monument que j’ai cherché à élever eût beaucoup gagné (trop, peut-être, pour cette époque) en clarté, en grandeur et en simplicité.

P. S. Je laisse M. Carey, et je m’adresse, peut-être pour la dernière fois, c’est-à-dire dans les sentiments de la plus intime bienveillance, à nos collègues de la rédaction du Journal des Économistes. Dans la note de ce journal qui a provoqué la réclamation de M. Carey, la direction annonce qu’elle se prononce, sur la propriété foncière, pour la théorie de Ricardo. La raison qu’elle en donne, c’est que cette théorie a pour elle l’autorité de Ricardo d’abord, puis Malthus, Say et tous les économistes, « MM. Bastiat et Carey exceptés. » L’épigramme est aiguë, et il est certain que l’économiste américain et moi faisons bien humble figure dans l’antithèse.

Quoiqu’il en soit, je répète que la direction du journal prend une résolution décisive pour son autorité scientifique.

N’oubliez pas que la théorie de Ricardo se résume ainsi :

« La propriété foncière est un monopole injuste, mais nécessaire, dont l’effet est de rendre fatalement le riche toujours plus riche et le pauvre toujours plus pauvre. »

Cette formule a pour premier inconvénient d’exciter, par son simple énoncé, une répugnance invincible, et de froisser, dans le cœur de l’homme, je ne dis pas tout ce qu’il y a de généreux et de philanthropique, mais de plus simplement et de plus grossièrement honnête. Son second