Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 1.djvu/291

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étourdissement au sortir duquel on ignore si l’on se réveille sous le règne de Philippe ou sous celui de Bonaparte.

Mais, dira-t-on, ce ne sont que des projets ; il faut encore que nos députés les discutent et les adoptent.

Sans doute ; et c’est pour cela qu’il importe d’être scrupuleux dans nos choix, de ne donner nos suffrages qu’à des hommes indépendants de tous les ministères présents et futurs.

Électeurs, Paris nous donne la liberté avec son sang, détruirons-nous son ouvrage avec nos votes ? Allons aux élections uniquement pour le bien général. Fermons l’oreille à toute promesse fallacieuse, fermons nos cœurs à toutes affections personnelles, même à la reconnaissance. Faisons sortir de l’urne le nom d’un homme sage, éclairé, indépendant. Si l’avenir nous apporte un meilleur sort, ayons la gloire d’y avoir contribué ; s’il recèle encore des tempêtes, n’ayons point à nous les reprocher.





RÉFLEXIONS


SUR LES PÉTITIONS DE BORDEAUX, LE HAVRE ET LYON, CONCERNANT LES DOUANES.


(Avril 1834.)


La liberté commerciale aura probablement le sort de toutes les libertés, elle ne s’introduira dans nos lois qu’après avoir pris possession de nos esprits. Aussi devons-nous applaudir aux efforts des négociants de Bordeaux, du Havre et de Lyon, dussent ces efforts n’avoir immédiatement d’autres résultats que d’éveiller l’attention publique.

Mais s’il est vrai qu’une réforme doive être généralement comprise pour être solidement établie, il s’ensuit que rien ne lui peut être plus funeste que ce qui égare l’opinion ; et rien n’est plus propre à l’égarer que les écrits qui récla-