Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 1.djvu/344

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Soient 1 000 fr. d’impôts ou 1/10 du revenu à répartir entre elles.

Cette répartition devra équitablement se faire ainsi :

P pour un revenu de 5 000 fr., 500 fr., d’impôts, ou 1 fr. sur 10.

V pour un revenu de 5 000 fr., 500 fr. d’impôts, ou 1 fr. sur 10.

Mais si l’on atténue la force contributive de P d’un cinquième, la réduisant à . . . . .

4 000 fr.,
et si l’on exagère celle de V d’un cinquième, la portant à . . . . . 6 000 fr.,

La répartition se fera ainsi :

P pour un revenu réel de 5 000 fr., supposé de 4 000 fr., 400 fr. d’impôts, 1 fr. sur 12 fr. 50 c. ;

V pour un revenu réel de 5 000 fr., supposé de 6 000 fr., 600 fr. d’impôts, 1 fr. sur 8 fr. 50 c.

Tant que les forces contributives de ces deux portions de territoire continueront à être égales, l’injustice se bornera à ôter un quart de la contribution à P pour la faire supporter par V.

Mais si, au bout d’un certain nombre d’années, le revenu réel de P s’élève de 5 000 fr. à 6 000 fr., tandis que celui de V tombe de 5 000 fr. à 4 000 fr.,

La répartition devient :

P pour un revenu supposé de 4 000 fr., mais en réalité de 6 000 fr., — 400 fr. ou 1 fr. sur 15 fr. ;

V pour un revenu supposé de 6 000 fr., mais en réalité de 4 000 fr., — 600 fr. ou 1 fr. sur 6 fr. 66 c.

Par où l’on voit qu’une contrée peut insensiblement rejeter sur une autre plus de la moitié de son fardeau.