Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 1.djvu/36

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mules à la lumière du juste », il n’y aurait pas eu un mot à lui répondre, et l’économie politique lui eût tendu la main. Mais, passionné et exclusif comme toutes les réactions, le socialisme nia au lieu de contrôler. On s’était contenté d’étudier, au point de vue de l’utile, les résultats de la propriété, de l’intérêt, de l’hérédité, de la concurrence, etc., en les prenant comme faits acceptés et sans discuter leur raison d’être et leur justice ; — le socialisme nia au point de vue du juste et attaqua comme illégitimes la propriété, l’intérêt, l’héritage, la concurrence, etc. On s’était un peu trop borné à décrire ce qui est ; — il se borna à décrire ce qui, dans ses rêves d’organisation nouvelle, devait être. On avait, disait-on, écrasé l’homme sous les choses et les faits ; — par une sorte de vengeance, il écrasa sous ses pieds les faits et les choses pour remettre l’homme à son rang.

Dans cette situation, qu’y avait-il à faire, pour opérer la réconciliation des esprits ? Évidemment, il fallait réunir et fondre ensemble les deux aspects distincts du fait et du droit ; revenir à la formule des physiocrates, à la science des faits au point de vue du droit naturel ; soumettre la pratique au contrôle du juste ; faire du socialisme savant et consciencieux ; prouver que ce qui est, dans son ensemble actuel et surtout dans sa tendance progressive, est conforme à ce qui doit être selon les aspirations de la conscience universelle.

Voilà ce qu’a voulu faire Bastiat, et ce qu’il a fait, autant du moins qu’il l’a pu dans un livre inachevé. Il a passé en revue les phénomènes économiques et les formes fondamentales de nos sociétés modernes : en les examinant au triple point de vue de l’intérêt particulier, de l’intérêt général, et de la justice, il a montré que les trois aspects