Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 1.djvu/492

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heureusement trop nombreux encore, pour en induire la détérioration de l’espèce humaine. Fidèle à sa méthode, il suppute les progrès acquis, les rattache à leurs véritables causes, et démontre que c’est en développant ces causes, en détruisant et non en ressuscitant des obstacles, en étendant et non en restreignant le principe de la responsabilité, en renforçant et non en affaiblissant le ressort de la solidarité, en nous éclairant, en nous amendant, en devenant libres, que nous marcherons vers des progrès nouveaux.

Après avoir étudié l’humanité dans ses divers âges, M. Dunoyer la considère dans ses diverses fonctions.

Mais ici il avait à faire la nomenclature de ces fonctions. Nous n’hésitons pas à dire que celle de l’auteur est plus rationnelle, plus méthodique et surtout plus complète que celle qu’avait traditionnellement adoptée la science économique.

Soit que l’on divise l’industrie en agricole, manufacturière et commerciale, soit que, comme M. de Tracy, on la réduise à deux branches, le travail qui transforme et celui qui transporte, il est évident qu’on laisse, en dehors de la science, une multitude de fonctions sociales et notamment toutes celles qui s’exercent sur les hommes. La société, au point de vue économique, est un échange de services rémunérés ; et sous ce rapport l’avocat, le médecin, le militaire, le magistrat, le professeur, le prêtre, le fonctionnaire public appartiennent à la science économique aussi bien que le négociant et le cultivateur.

Nous travaillons tous les uns pour les autres, nous faisons tous entre nous échange de services, et la science est incomplète si elle n’embrasse pas tous les services et tous les travaux.

Nous croyons donc que l’économie politique est redevable à M. Dunoyer d’une classification, qui, sans la faire sortir de ses limites naturelles, a le mérite de lui ouvrir de