Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 1.djvu/511

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sons que la science a rempli sa tâche quand elle a exposé ces effets ; parce que, encore une fois, nous pensons que le principe d’action, l’aspiration vers le mieux n’est pas dans la science, mais dans l’humanité.

Mais vous, vous qui ne voyez dans l’espèce humaine qu’une cire molle aux mains d’un organisateur, c’est l’association forcée que vous proposez ; l’association qui ôte à tous les individus, hors un, toute moralité et toute initiative ; c’est-à-dire le despotisme le plus absolu qui ait jamais existé, je ne dis pas dans les annales, mais même dans l’imagination des hommes.

Je ne terminerai pas sans rendre à M. Vidal la justice qui lui est due. S’il a épousé les théories des socialistes, il n’a pas emprunté leur style. Son livre est écrit en français, et même en bon français. Le néologisme s’y montre, mais il n’y déborde pas. M. Vidal nous fait grâce du vocabulaire fouriériste, et des gammes et des pivots, et des amitiés en quinte superflue, et des amours en tierce diminuée. S’il voit la science sous un autre aspect que ses devanciers, il la prend du moins au sérieux, il ne méprise pas son public au point de vouloir lui en imposer par des phrases d’Apocalypse. C’est d’un bon augure, et si jamais il fait une seconde édition de son livre, je ne doute pas qu’il n’en retranche, sinon ce qu’il va d’erroné dans la partie systématique, du moins ce que la partie critique offre d’exagéré et même d’injuste.