Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 1.djvu/546

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

votre généreux aphorisme nous répond que la réforme électorale peut compter sur vous.

« J’ai confiance dans le jeu de nos institutions (spécialement sans doute de celle qui fait l’objet de cette correspondance). Je le crois propre à produire la moralité. Cette condition des sociétés réside nécessairement dans les électeurs ; elle se résume dans l’élu, elle passe dans le vote des majorités, etc. »

Voilà, certes, un tableau fort touchant, et j’aime cette moralité qui s’élève de la base au sommet de l’édifice. J’en pourrais tracer un moins optimiste et montrer l’immoralité politique descendant du sommet à la base. Lequel des deux serait le plus vrai ? Quoi ! la confusion dans les mêmes mains du vote et de l’exécution des lois, du vote et du contrôle du budget produire la moralité ! Si je consulte la logique, j’ai peine à le comprendre. Si je regarde les faits, j’ai encore plus de peine à le voir.

Vous invoquez la maxime : Quid leges sine moribus ? Je ne fais pas autre chose. Je n’ai pas fait le procès à la loi, mais aux électeurs. J’ai émis le vœu qu’ils se fissent représenter par des députés dont les intérêts fussent en harmonie et non en opposition avec les leurs propres. C’est bien là une affaire de mœurs. La loi ne nous interdit pas de nommer des fonctionnaires, mais elle ne nous y oblige pas non plus. Je ne dissimule pas qu’il me semblerait raisonnable qu’elle contînt à cet égard quelques précautions. En attendant, prenons-les nous-mêmes : Quid leges sine moribus ?

J’avais dit : « À tort ou à raison, c’est une idée très-arrêtée en moi que les députés sont les contrôleurs du pouvoir. »

Vous raillez sur les mots à tort ou à raison. Soit ; je vous les abandonne. Substituez-y ceux-ci : Je puis me tromper, mais c’est en moi une idée arrêtée que les députés sont les contrôleurs du pouvoir.

De quel pouvoir ? Demandez-vous. — Évidemment du pou-