Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 1.djvu/547

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voir exécutif. Vous dites : « Je ne reconnais que trois pouvoirs : le Roi, la Chambre des pairs et la Chambre des députés. » — Si nous remontons aux principes abstraits, je me verrai forcé de différer d’opinion avec vous, car je ne reconnais originairement qu’un pouvoir : le pouvoir national. Tous les autres sont délégués ; et c’est parce que le pouvoir exécutif est délégué que la nation a le droit de le contrôler. Et c’est pour que ce contrôle ne soit pas dérisoire que la nation, selon mon humble avis, ferait sagement de ne pas remettre aux mêmes mains et le pouvoir et le contrôle. Assurément, elle est maîtresse de le faire. Elle est maîtresse de s’attirer, comme elle le fait, des entraves et des taxes. En cela, elle me paraît inconséquente, et plus inconséquente encore de se plaindre du résultat. Vous croyez que j’en veux beaucoup à l’administration ; point du tout, je l’admire, je la trouve bien généreuse, quand le public lui fait la partie si belle, de se contenter d’un budget de 14 à 1 500 millions. Depuis trente ans, c’est à peine si les impôts ont doublé. Il y a là de quoi être surpris, et il faut bien reconnaître que l’avidité du fisc est restée fort au-dessous de l’imprudence des contribuables.

Vous trouvez vague cette pensée : « La mission des députés est de tracer le cercle où le pouvoir doit s’exercer. » — « Ce cercle, dites-vous, est tout tracé, c’est la Charte. »

J’avoue que je ne sais pas, dans la Charte, une seule disposition qui ait rapport à la question. Il faut bien que nous ne nous entendions pas ; je vais tâcher d’expliquer ma pensée.

Une nation peut être plus ou moins administrée. En France et sous l’empire de la Charte, il est une foule de services qui peuvent sortir du domaine de l’industrie privée pour être confiés à la puissance publique et réciproquement. Naguère, on a disputé très-chaudement pour savoir auquel de ces deux modes d’activité resteraient les chemins