Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 3.djvu/275

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la loi-céréale, elle agit en Irlande dans toute sa force, elle fait pour ce pays tout ce qu’elle peut faire, et cependant voilà le taux des salaires, et ce qu’il y a de pis, c’est que l’on n’y trouve pas d’emploi, même à ce taux. — Voilà pourquoi le peuple d’Irlande, et ceux même de la noblesse qui étudient en conscience les affaires publiques, voient cette question au même point de vue que je la vois moi-même ; en sorte que bien loin que l’Irlande soit un obstacle sur votre route, bien loin qu’elle soit une de vos difficultés (rires), elle est à vous tout entière, et de cœur et d’âme. (Applaudissements enthousiastes.) N’en avons-nous pas une preuve dans la présence au milieu de nous du représentant de Rochdale (acclamations), qui est un des plus grands propriétaires de l’Irlande, et un ami, vous le savez, de la liberté partout et pour tous. Je fais allusion à M. Crawford, qui représentait un comté d’Irlande avant de représenter un bourg d’Angleterre, et qui était Ligueur dans l’âme avant d’être membre du Parlement. (Bruyantes acclamations.) Il est donc clair que vous avez pour vous l’assentiment et les vœux de l’Irlande, et vous n’aurez pas peu de part dans sa reconnaissance, quand elle apprendra l’accueil que je reçois de vous. Non, Anglais, le bruit des acclamations dont vous avez salué ma présence n’expirera pas dans les murs de celle enceinte. Il retentira dans votre métropole ; les vents d’orient le porteront en Irlande ; il remontera les rives du Shannon, de la Nore, de la Suir et du Barrow ; il réveillera tous les échos de nos vallées ; l’Irlande y répondra par des accents d’affection et de fraternité ; elle dira que les enfants de l’Angleterre ne doivent pas être affamés par la loi. (Acclamations qui durent plusieurs minutes.) — Je vous déclare que l’injustice et l’iniquité de l’aristocratie m’accablent d’une horreur et d’un dégoût que je suis incapable d’exprimer. Eh quoi ! si la loi-céréale actuelle n’existait pas ; si le ministère osait présenter un bill de taxes sur le pain ; s’il plaçait un agent à la porte du boulanger, chargé d’exiger le tiers du prix de chaque pain, taxe que le boulanger se ferait naturellement rembourser par le consommateur, y a-t-il un homme dans tout le pays qui supporterait une telle oppression ? (Grands cris : Écoutez ! écoutez !) Il ne servirait de rien au ministre de dire :