Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 3.djvu/369

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de cette proposition ; cependant, je ne la juge pas d’après cette circonstance. Les planteurs des Antilles se plaignaient de ce que la motion de sir Robert Peel causait leur ruine, et c’est pourquoi ils lui opposaient l’amendement de M. Miles. Il y a pourtant des gens assez bénévoles pour croire que cette dernière mesure est moins protectrice que la première. Mais ne jugeons pas sur l’apparence ; n’apprécions pas la mesure par le caractère de ceux qui la proposent, mais examinons-en la portée et la tendance réelle. La réduction de 4 sh. sur le sucre colonial embrasse tout le sucre colonial, quelle qu’en soit la qualité. La réduction de 4 sh. sur le sucre étranger, c’est seulement la réduction sur une certaine qualité de sucre étranger. Recherchons donc quelle est la nature du sucre étranger que l’on excepte de cette réduction et sur lequel le droit de 34 sh. continuera à être prélevé, car c’est là qu’est toute la question. Les hommes qui ne sont pas versés dans le commerce du sucre, ne sont que des juges fort incompétents du mérite et des effets de l’exception proposée. Quelques-uns d’entre nous, free-traders, nous avons pensé qu’il valait la peine d’aller aux informations dans la Cité, pour savoir enfin ce que c’était que ce clayed-sugar, qui nous vient de pays étrangers. Nous avons cru que nous n’avions rien de mieux à faire, et, en conséquence, nous avons consulté une vingtaine de raffineurs et de marchands parmi lesquels, etc…


M. Cobden cite ici l’opinion d’un grand nombre d’hommes spéciaux qui s’accordent à dire que cette qualité de sucre étranger (white clayed) qui est exceptée par l’amendement de M. Miles du bénéfice de la réduction de 4 sh., forme en ce moment et formera en toutes circonstances les trois quarts de l’importation étrangère.


D’après cela, messieurs, je n’hésite pas à déclarer que l’amendement de M. Miles n’était autre chose qu’un piége tendu aux free-traders inattentifs. (Écoutez ! écoutez !) Je n’accuse pas M. Miles d’être l’inventeur ou le complice de cette déception calculée. Mais je crois que ce plan artificieux a été combiné à