Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 3.djvu/370

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Minenglane par des hommes qui savaient très-bien ce qu’ils faisaient, et qui espéraient enlacer les free-traders de la Chambre des communes dans leurs spécieux artifices. Quel eût été l’effet de l’amendement s’il eût été adopté ? Le droit sur le sucre colonial eût été abaissé de 24 à 20 sh. La grande masse de sucre étranger eût payé 34 sh. Ainsi, la prime de protection en faveur des intérêts coloniaux eût été de 14 sh. au lieu de 10 que leur accorde la proposition ministérielle. (Écoutez ! écoutez !) Cependant il y a des hommes simples qui nous disent : « Pourvu que l’amendement Miles nous fasse obtenir le sucre à meilleur marché, quel mal y a-t-il à ce que les planteurs y trouvent aussi quelque avantage ? » Mais le fait est qu’il ne nous fera pas avoir le sucre à meilleur marché. Une réduction de 4 sh. sur le sucre colonial se bornerait à faire passer une certaine somme du revenu public dans la poche des monopoleurs. 4 sh. sur 4,000,000 quintaux qui viennent annuellement de nos colonies, équivalent à 800,000 l. st. qui seraient enlevées à l’Échiquier national et que vous vous verriez contraints d’y restituer par quelque autre impôt. Prenez bien garde à ceci : le revenu public et le revenu national naviguent dans la même barque ; les monopoleurs sont dans une autre, et si vous ôtez au revenu public pour donner au monopole, il faut vous soumettre à des taxes nouvelles. Qu’est-ce que le plan de M. Miles ? Rien autre chose que l’absorption par les monopoleurs d’un revenu destiné à la reine Victoria, c’est le renouvellement de mesures qui nous ont déjà conduits l’income-tax. (Approbation.) Il y en a qui disent que la somme ainsi distraite de l’Échiquier est insignifiante. Mais il faut se rappeler qu’il s’agit de 800 000 liv. st. par an, et que cette somme à 4 pour % répond à un capital de 20 millions de liv. st. Ainsi la proposition de M. Miles revient à ceci, ni plus ni moins : Prendre, pour la seconde fois, 20 millions dans les poches du public pour les livrer aux intérêts coloniaux. J’ai dit à mes amis et je répète ici, — car je reconnais à certains signes qu’il y en a parmi vous qui ont été dupes de cette proposition insidieuse, — je répète qu’une réduction de droit sur le sucre colonial ne fera pas baisser le sucre d’un farthing tant que le droit sur le sucre