Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 3.djvu/392

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plicite par lequel il seconda les clameurs des classes privilégiées contre les réformes commerciales, proposées par les Whigs en 1841. On dit proverbialement : « C’est l’opposition Peel qui tue le ministère Peel. » Avec de tels exemples sous les yeux, les free traders se seraient montrés incapables de profiter des leçons de l’histoire et de l’expérience, s’ils fussent entrés dans une coalition immorale avec les fanatiques du monopole, dans le seul but de fomenter le désordre d’une crise ministérielle. »

« Les chefs des Whigs viennent de se coaliser, dans deux occasions récentes, avec les exaltés du parti opposé, pour renverser le ministère. Mais leur influence morale dans le pays y a-t-elle gagné ? Bien au contraire, et ils se sont placés eux-mêmes dans cette situation que la victoire eût amené leur ruine, et qu’ils ont trouvé leur salut dans la défaite. S’ils avaient renversé le gouvernement à l’occasion du bill de lord Ashley, ils étaient réduits à se présenter devant le pays sous l’engagement d’imposer des restrictions à la liberté du travail. Vainqueurs avec M. Miles, ils étaient également engagés à imposer des restrictions à la liberté du commerce. On a dit que la Ligue avait sauvé sir R. Peel ; mais on peut affirmer avec plus de raison qu’elle a affranchi le parti libéral de la honte de paraître en face de la nation, portant empreints sur son front les mots « restriction et monopole ». Mais, après tout, ce sont là des conséquences de votes whigs ou torys, avec lesquelles les free-traders n’ont rien à démêler. Ils ont exposé et soutenu leurs principes, sans égard à aucune considération prise de l’esprit de parti ; ils n’ont reculé devant aucun engagement ; ils n’ont parlementé avec aucun monopole ; ils n’ont abandonné aucun principe ; ils ont adhéré simplement et pleinement à la vérité, refusant de transiger avec l’erreur. Quand viendra le jour de la justice, comme il viendra certainement, ils n’auront pas à payer la dette du déshonneur, et ne seront pas réduits à sacrifier, en tout ou en partie, l’intérêt national, pour racheter des antécédents factieux. »


On pourra soupçonner ce jugement de partialité, comme émané de la Ligue elle-même. Mais nous pourrions prouver