Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 4.djvu/384

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cette méthode vous rendrez à votre république la vigueur de la jeunesse. C’est pour n’avoir pas été connue des peuples libres qu’ils ont perdu la liberté ! Mais si les progrès du mal sont tels que les magistrats ordinaires ne puissent y remédier efficacement, ayez recours à une magistrature extraordinaire, dont le temps soit court et la puissance considérable. L’imagination des citoyens a besoin alors d’être frappée… »

Et tout dans ce goût durant vingt volumes.

Il a été une époque où, sous l’influence de tels enseignements, qui sont le fond de l’éducation classique, chacun a voulu se placer en dehors et au-dessus de l’humanité, pour l’arranger, l’organiser et l’instituer à sa guise.

Condillac. — « Érigez-vous, Monseigneur, en Lycurgue ou en Solon. Avant que de poursuivre la lecture de cet écrit, amusez-vous à donner des lois à quelque peuple sauvage d’Amérique ou d’Afrique. Établissez dans des demeures fixes ces hommes errants ; apprenez-leur à nourrir des troupeaux… ; travaillez à développer les qualités sociales que la nature a mises en eux… Ordonnez-leur de commencer à pratiquer les devoirs de l’humanité… Empoisonnez par des châtiments les plaisirs que promettent les passions, et vous verrez ces barbares, à chaque article de votre législation, perdre un vice et prendre une vertu. »

« Tous les peuples ont eu des lois. Mais peu d’entre eux ont été heureux. Quelle en est la cause ? C’est que les législateurs ont presque toujours ignoré que l’objet de la société est d’unir les familles par un intérêt commun. »

« L’impartialité des lois consiste en deux choses : à établir l’égalité dans la fortune et dans la dignité des citoyens… À mesure que vos lois établiront une plus grande égalité, elles deviendront plus chères à chaque citoyen… Comment l’avarice, l’ambition, la volupté, la paresse, l’oisiveté, l’envie, la haine, la jalousie agiteraient-elles des hommes égaux en fortune et en dignité, et à qui les lois ne laisseraient pas l’espérance de rompre l’égalité ? » (Suit l’idylle.)

« Ce qu’on vous a dit de la République de Sparte doit vous donner de grandes lumières sur cette question. Aucun autre État n’a jamais eu des lois plus conformes à l’ordre de la nature et de l’égalité[1]. »

Il n’est pas surprenant que les dix-septième et dix-hui-

  1. Dans le pamphlet Baccalauréat et Socialisme (le 5me d’après notre classement), l’auteur, par une série de citations analogues, montre encore la filiation de la même erreur. (Note de l’éditeur.)