Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 4.djvu/493

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tuteur, du père de famille et de la société, cette Liberté que vous dites si entière.

En vertu de votre loi, je fonde un collége. Avec le prix de la pension, il me faut acheter ou louer le local, pourvoir à l’alimentation des élèves et payer les professeurs. Mais à côté de mon Collége, il y a un Lycée. Il n’a pas à s’occuper du local et des professeurs. Les contribuables, moi compris, en font les frais. Il peut donc baisser le prix de la pension de manière à rendre mon entreprise impossible. Est-ce là de la liberté ? Une ressource me reste cependant ; c’est de donner une instruction si supérieure à la vôtre, tellement recherchée du public, qu’il s’adresse à moi malgré la cherté relative à laquelle vous m’avez réduit. Mais ici, je vous rencontre, et vous me dites : Enseignez ce que vous voudrez, mais, si vous vous écartez de ma routine, toutes les carrières libérales seront fermées à vos élèves. Est-ce là de la liberté ?

Maintenant je me suppose père de famille ; je mets mes fils dans une institution libre : quelle est la position qui m’est faite ? Comme père, je paye l’éducation de mes enfants, sans que nul me vienne en aide ; comme contribuable et comme catholique, je paye l’éducation des enfants des autres, car je ne puis refuser l’impôt qui soudoie les Lycées, ni guère me dispenser, en temps de carême, de jeter dans le bonnet du frère quêteur l’obole qui doit soutenir les Séminaires. En ceci, du moins, je suis libre. Mais le suis-je quant à l’impôt ? Non, non, dites que vous faites de la Solidarité, au sens socialiste, mais n’ayez pas la prétention de faire de la Liberté.

Et ce n’est là que le très-petit côté de la question. Voici qui est plus grave. Je donne la préférence à l’enseignement libre, parce que votre enseignement officiel (auquel vous me forcez à concourir, sans en profiter) me semble communiste et païen ; ma conscience répugne à ce que mes fils s’imprè-