Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 4.djvu/515

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On a bien raison de le dire : les voies de Dieu sont aussi infaillibles qu’impénétrables. Car si vous voulez bien m’accorder pour un instant (ce que j’essaierai bientôt de démontrer) que le Protectionisme, en se généralisant, devient Communisme, comme un carpillon devient carpe, pourvu que Dieu lui prête vie, il est déjà assez singulier que ce soit un champion du Protectionisme qui se pose comme le pourfendeur du Communisme ; mais ce qui est plus extraordinaire et plus consolant encore, c’est qu’une puissante association, qui s’était formée pour propager théoriquement et pratiquement le principe communiste (dans la mesure qu’elle jugeait profitable à ses membres), consacre aujourd’hui la moitié de ses ressources à détruire le mal qu’elle a fait avec l’autre moitié.

Je le répète, c’est là un spectacle consolant. Il nous rassure sur l’inévitable triomphe de la vérité, puisqu’il nous montre les vrais et premiers propagateurs des doctrines subversives, effrayés de leurs succès, élaborer maintenant le contre-poison et le poison dans la même officine.

Ceci suppose, il est vrai, l’identité du principe Communiste et du principe Prohibitioniste, et peut-être n’admettez vous pas cette identité, quoique à vrai dire, il ne me paraît pas possible que vous ayez pu, sans en être frappé, écrire quatre cents pages sur la Propriété. Peut-être pensez-vous que quelques efforts consacrés à la liberté commerciale ou plutôt au Libre-Échange, l’impatience d’une discussion sans résultat, l’ardeur du combat, la vivacité de la lutte m’ont fait voir, comme cela ne nous arrive que trop souvent à nous autres polémistes, les erreurs de mes adversaires à travers un verre grossissant. Sans doute, c’est mon imagination, afin d’en avoir plus facilement raison, qui gonfle la théorie du Moniteur industriel aux proportions de celle du Populaire. Quelle apparence que de grands manufacturiers, d’honnêtes propriétaires, de riches banquiers, d’habiles