Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 4.djvu/526

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vocation de l’égalité, de la solidarité, de la fraternité, cela ne change pas la nature des choses ; le pillage des propriétés n’en est pas moins du pillage parce qu’il s’accomplit avec régularité, avec ordre, systématiquement et par l’action de la loi.

J’ajoute que c’est là, à notre époque, le Communisme vraiment dangereux. Pourquoi ? Parce que, sous cette forme, nous le voyons incessamment prêt à tout envahir. Et voyez ! l’un demande que l’État fournisse gratuitement aux artisans, aux laboureurs des instruments de travail ; c’est l’inviter à les ravir à d’autres artisans et laboureurs. L’autre veut que l’État prête sans intérêt ; il ne le peut faire sans violer la propriété. Un troisième réclame l’éducation gratuite à tous les degrés ; gratuite ! cela veut dire : aux dépens des contribuables. Un quatrième exige que l’État subventionne les associations d’ouvriers, les théâtres, les artistes, etc. Mais ces subventions, c’est autant de valeur soustraite à ceux qui l’avaient légitimement gagnée. Un cinquième n’a pas de repos que l’État n’ait fait artificiellement hausser le prix d’un produit pour l’avantage de celui qui le vend ; mais c’est au détriment de celui qui l’achète. Oui, sous cette forme, il est bien peu de personnes qui, une fois ou autre, ne soient communistes. Vous l’êtes, M. Billault l’est, et je crains qu’en France nous ne le soyons tous à quelque degré. Il semble que l’intervention de l’État nous réconcilie avec la spoliation, en en rejetant la responsabilité sur tout le monde, c’est-à-dire sur personne, ce qui fait qu’on jouit du bien d’autrui en parfaite tranquillité de conscience. Cet honnête M. Tourret, un des hommes les plus probes qui se soient jamais assis sur les bancs ministériels, ne commençait-il pas ainsi son exposé des motifs du projet de loi sur les avances à l’agriculture ? « Il ne suffit pas de donner l’instruction pour cultiver les arts, il faut encore fournir les instruments de travail. » Après ce préambule, il soumet à l’Assemblée na-