Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 4.djvu/62

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sur le consommateur ? Plus donc nos échanges seront multipliés, plus les consommateurs étrangers nous rembourseront de taxes incorporées dans les produits que nous leur vendrons ; tandis que nous n’aurions à leur faire, à cet égard, qu’une moindre restitution, puisque, d’après notre hypothèse, leurs produits sont moins grevés que les nôtres.

Enfin, ces lourds impôts dont vous arguez pour justifier le régime prohibitif, vous êtes-vous jamais demandé si ce n’est pas ce régime qui les occasionne ? Je voudrais bien qu’on me dît à quoi serviraient les grandes armées permanentes et les puissantes marines militaires si le commerce était libre… Mais ceci regarde les hommes politiques,


Et ne confondons pas, pour trop approfondir,
leurs affaires avec les nôtres[1].



VI. — BALANCE DU COMMERCE.


Nos adversaires ont adopté une tactique qui ne laisse pas que de nous embarrasser. Établissons-nous notre doctrine ? ils l’admettent le plus respectueusement possible. Attaquons-nous leur principe ? ils l’abandonnent de la meilleure grâce du monde ; ils ne demandent qu’une chose, c’est que notre doctrine, qu’ils tiennent pour vraie, soit reléguée dans les livres, et que leur principe, qu’ils reconnaissent vicieux, règne dans la pratique des affaires. Cédez-leur le maniement des tarifs, et ils ne vous disputeront pas le domaine de la théorie.

« Assurément, disait dernièrement M. Gauthier de Rumilly, personne de nous ne veut ressusciter les vieilles théories de la balance du commerce. » — Fort bien ; mais, monsieur Gauthier, ce n’est pas tout que de donner en pas-

  1. Voir, au tome V, le pamphlet Paix et liberté. (Note de l’éditeur.)