Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 4.djvu/89

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de réservoirs, elle touche le sol par plus de points et présente au soleil plus de surface ; et l’on ne s’aperçoit pas que c’est précisément pour cela qu’elle s’absorbe, s’évapore et se perd.

Le capital et la main-d’œuvre étant donnés, ils créent une masse de produits d’autant moins grande qu’ils rencontrent plus d’obstacles. Il n’est pas douteux que les barrières internationales forçant, dans chaque pays, ce capital et cette main d’œuvre à vaincre plus de difficultés de climat et de température, le résultat général est moins de produits créés, ou, ce qui revient au même, moins de satisfactions acquises à l’humanité. Or, s’il y a diminution générale de satisfactions, comment votre part, ouvriers, se trouverait-elle augmentée ? Donc les riches, ceux qui font la loi, auraient arrangé les choses de telle sorte que non-seulement ils subiraient leur prorata de la diminution totale, mais même que leur portion déjà réduite se réduirait encore de tout ce qui s’ajoute, disent-ils, à la vôtre ? Cela est-il possible ? cela est-il croyable ? Oh ! c’est là une générosité suspecte, et vous feriez sagement de la repousser[1].



XIII. — THÉORIE, PRATIQUE.


Partisans de la liberté des échanges, on nous accuse d’être des théoriciens, de ne pas tenir assez compte de la pratique.

« Quel terrible préjugé contre M. Say, dit M. Ferrier[2], que cette longue suite d’administrateurs distingués, que cette ligue imposante d’écrivains qui tous ont vu autrement

  1. V. au tome VI, le chapitre xiv des Harmonies. (Note de l’éditeur.)
  2. De l’Administration commerciale opposée à l’économie politique, page 5.