Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 4.djvu/92

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les livres, réduit à se réfugier dans la pratique de tous les peuples ; et on ne conçoit pas que, pour ce qui regarde la richesse des nations, les gouvernements ne s’en soient pas rapportés aux savants auteurs plutôt qu’à la vieille expérience d’un système, etc… On ne conçoit pas surtout que le gouvernement français… s’obstine, en économie politique, à résister aux progrès des lumières et à conserver dans sa pratique ces vieilles erreurs que tous nos économistes de plume ont signalées… Mais en voilà trop sur ce système mercantile, qui n’a pour lui que les faits, et qui n’est soutenu par aucun écrivain[1] ! »


Ne dirait-on pas, à entendre ce langage, que les économistes, en réclamant pour chacun la libre disposition de sa propriété, ont fait sortir de leur cervelle, comme les fouriéristes, un ordre social nouveau, chimérique, étrange, une sorte de phalanstère sans précédent dans les annales du genre humain ! Il me semble que, s’il y a, en tout ceci, quelque chose d’inventé, de contingent, ce n’est pas la liberté, mais la protection ; ce n’est pas la faculté d’échanger, mais bien la douane, la douane appliquée à bouleverser artificiellement l’ordre naturel des rémunérations.

Mais il ne s’agit pas de comparer, de juger les deux systèmes ; la question, pour le moment, est de savoir lequel des deux s’appuie sur l’expérience.

Ainsi donc, Messieurs les Monopoleurs, vous prétendez que les faits sont pour vous ; que nous n’avons de notre côté que des théories.

Vous vous flattez même que cette longue série d’actes publics, cette vieille expérience de l’Europe que vous invo-

  1. Du Système de l’impôt, etc., par M. le vicomte de Saint-Chamans, page 11.