Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 4.djvu/96

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Et c’est pourquoi vous êtes réduits à répéter chaque jour :

« Les principes n’ont rien d’absolu. Ce qui est bien dans l’individu, la famille, la commune, la province, est mal dans la nation. Ce qui est bon en détail, — savoir : acheter plutôt que produire, quand l’achat est plus avantageux que la production, — cela même est mauvais en masse ; l’économie politique des individus n’est pas celle des peuples, » et autres balivernes ejusdem farinae.

Et tout cela, pourquoi ? Regardez-y de près. Pour nous prouver que nous, consommateurs, nous sommes votre propriété ! que nous vous appartenons en corps et en âme ! que vous avez sur nos estomacs et sur nos membres un droit exclusif ! qu’il vous appartient de nous nourrir et de nous vêtir à votre prix, quelles que soient votre impéritie, votre rapacité ou l’infériorité de votre situation !

Non, vous n’êtes pas les hommes de la pratique, vous êtes des hommes d’abstraction… et d’extorsion[1].



XIV. — CONFLIT DE PRINCIPES.


Il est une chose qui me confond, et c’est celle-ci :

Des publicistes sincères étudiant, au seul point de vue des producteurs, l’économie des sociétés, sont arrivés à cette double formule :

« Les gouvernements doivent disposer des consommateurs soumis à leurs lois, en faveur du travail national ;

« Ils doivent soumettre à leurs lois des consommateurs lointains, pour en disposer en faveur du travail national. »

La première de ces formules s’appelle Protection ; la seconde, Débouchés.

  1. V. ci-après le chapitre xv. (Note de l’éditeur.)