Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 6.djvu/135

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de s’abstenir. — En quoi consiste l’action contrariante des gouvernements ? Cela se déduit du but même qu’ils ont en vue. — De quoi s’agit-il ? de remédier à l’Inégalité qui est censée naître de la liberté. — Or il n’y a qu’un moyen de rétablir l’équilibre, c’est de prendre aux uns pour donner aux autres. — Telle est en effet la mission que les gouvernements se sont donnée ou ont reçue, et c’est une conséquence rigoureuse de la formule : Le profit de l’un est le dommage de l’autre. Cet axiome étant tenu pour vrai, il faut bien que la force répare le mal que fait la liberté. — Ainsi les gouvernements, que nous croyions institués pour garantir à chacun sa liberté et sa propriété, ont entrepris la tâche de violer toutes les libertés et toutes les propriétés, et cela avec raison, si c’est en elles que réside le principe même du mal. Ainsi partout nous les voyons occupés de déplacer artificiellement le travail, les capitaux et les responsabilités.

D’un autre côté, une somme vraiment incalculable de forces intellectuelles se perd à la poursuite d’organisations sociales factices. Prendre aux uns pour donner aux autres, violer la liberté et la propriété, c’est un but fort simple ; mais les procédés peuvent varier à l’infini. De là ces multitudes de systèmes qui jettent l’effroi dans toutes les classes de travailleurs, puisque, par la nature même de leur but, ils menacent tous les intérêts.

Ainsi : gouvernements arbitraires et compliqués, négation de la liberté et de la propriété, antagonisme des classes et des peuples, tout cela est logiquement renfermé dans cet axiome : Le profit de l’un est le dommage de l’autre. — Et, par là même raison : simplicité dans les gouvernements, respect de la dignité individuelle, liberté du travail et de l’échange, paix entre les nations, sécurité pour les personnes et les propriétés, tout cela est contenu dans cette vérité : Les intérêts sont harmoniques, — à une condition