Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 6.djvu/26

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la Responsabilité ; en d’autres termes, il faut respecter la Liberté.

Que si les institutions humaines viennent contrarier en cela les lois divines, le Mal n’en suit pas moins l’erreur, seulement il se déplace. Il frappe qui il ne devait pas frapper ; il n’avertit plus ; il n’est plus un enseignement ; il ne tend plus à se limiter et à se détruire par sa propre action ; il persiste, il s’aggrave, comme il arriverait dans l’ordre physiologique, si les imprudences et les excès commis par les hommes d’un hémisphère ne faisaient ressentir leurs tristes effets que sur les hommes de l’hémisphère opposé.

Or c’est précisément là la tendance non-seulement de la plupart de nos institutions gouvernementales, mais encore et surtout de celles qu’on cherche à faire prévaloir comme remèdes aux maux qui nous affligent. Sous le philanthropique prétexte de développer entre les hommes une Solidarité factice, on rend la Responsabilité de plus en plus inerte et inefficace. On altère, par une intervention abusive de la force publique, le rapport du travail à sa récompense, on trouble les lois de l’industrie et de l’échange, on violente le développement naturel de l’instruction, on dévoie les capitaux et les bras, on fausse les idées, on enflamme les prétentions absurdes, on fait briller aux yeux des espérances chimériques, on occasionne une déperdition inouïe de forces humaines, on déplace les centres de population, on frappe d’inefficacité l’expérience même, bref on donne à tous les intérêts des bases factices, on les met aux prises, et puis on s’écrie : Voyez, les intérêts sont antagoniques. C’est la Liberté qui fait tout le mal. Maudissons et étouffons la Liberté.

Et cependant, comme ce mot sacré a encore la puissance