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XXI

SOLIDARITÉ


Si l’Homme était parfait, s’il était infaillible, la société offrirait une harmonie toute différente de celle que nous devons y chercher. La nôtre n’est pas celle de Fourier. Elle n’exclut pas le mal ; elle admet les dissonances ; seulement nous reconnaîtrons qu’elle ne cesse pas d’être harmonie, si ces dissonances préparent l’accord et nous y ramènent.

Nous avons pour point de départ ceci : L’homme est faillible, et Dieu lui a donné le libre arbitre ; et avec la faculté de choisir, celle de se tromper, de prendre le faux pour le vrai, de sacrifier l’avenir au présent, de céder aux désirs déraisonnables de son cœur, etc.

L’homme se trompe. Mais tout acte, toute habitude a ses conséquences.

Par la Responsabilité, nous l’avons vu, ces conséquences retombent sur l’auteur de l’acte ; un enchaînement naturel de récompenses ou de peines l’attire donc au bien et l’éloigne du mal.

Si l’homme avait été destiné par la nature à la vie et au travail solitaires, la Responsabilité serait sa seule loi.

Mais il n’en est pas ainsi, il est sociable par destination. Il n’est pas vrai, comme le dit Rousseau, que l’homme soit