Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 6.djvu/659

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et leur dignité par le parasitisme des fonctions publiques, se tourner dans les convulsions révolutionnaires, non contre ce parasitisme desséchant, mais contre la richesse bien acquise, c’est-à-dire contre l’élément même de leur délivrance et le principe de leur propre droit et de leur propre force ; quand de tels spectacles se déroulent sous nos yeux, en quelque pays du monde que nous portions nos pas, oh ! nous avons peur de nous-mêmes, nous tremblons pour notre foi, il nous semble que cette lumière est vacillante, près de s’éteindre, nous laissant dans l’horrible nuit du Pessimisme.

Mais non, il n’y a pas lieu de désespérer. Quelles que soient les impressions que fassent sur nous des circonstances trop voisines, l’humanité marche et s’avance. Ce qui nous fait illusion, c’est que nous mesurons sa vie à la nôtre ; et parce que quelques années sont beaucoup pour nous, il nous semble que c’est beaucoup pour elle. Eh bien, même à cette mesure, il me semble que le progrès de la société est visible par bien des côtés. J’ai à peine besoin de rappeler qu’il est merveilleux en ce qui concerne certains avantages matériels, la salubrité des villes, les moyens de locomotion et de communication, etc.

Au point de vue politique, la nation française n’a-t-elle acquis aucune expérience ? quelqu’un oserait-il affirmer que si toutes les difficultés qu’elle vient de traverser s’étaient présentées il y a un demi-siècle, ou plus tôt, elle les aurait dénouées avec autant d’habileté, de prudence, de sagesse, avec aussi peu de sacrifices ? J’écris ces lignes dans un pays qui a été fertile en révolutions. Tous les cinq ans, Florence était bouleversée, et à chaque fois la moitié des citoyens dépouillait et massacrait l’autre moitié. Oh ! si nous avions un peu plus d’imagination, non de celle qui crée, invente et suppose des faits, mais de celle qui les fait revivre, nous serions plus justes envers notre temps et nos contemporains ! Mais ce qui reste vrai, et d’une vérité dont personne peut-