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ATTRIBUÉES A VILLON.

Povres prisonniers desnuez,
Si tost que je les euz ruez.
Ce fust au siège d’Alençon.
Les troys se misrent à rançon,
Et le quatriesme s’enfuyt.
Incontinent que l’autre ouyt
Ce bruit, il me print à la gorge.
Se je n’eusse crié : Sainct George !
Combien que je suys bon Françoys,
Sang bleu ! il m’eust tué ançoys
Que personne m’eust secouru.
Et quand je me senty feru
D’une bouteille, qu’il cassa
Sur ma teste : « Venez ça, ça !
Dis-je lors. Que chascun s’appaise !
Je ne quiers point faire de noise,
Ventre bleu ! et buvons ensemble.
Posé soit ores que je tremble,
Sang bleu ! je ne vous crains pas maille. »
 
Cy dit ung quidem, par derrière les gens :
Coquericoq.

Qu’esse cy ? J’ay oüy poullaille
Chanter chez quelque bonne vieille ;
Il convient que je la resveille.
Poullaille font icy leurs nidz !
C’est du demourant d’Ancenys,
Par ma foy ! ou du Champ-Toursé…
Helas ! que je me vis coursé
De la mort d’ung de mes nepveux !
J’euz d’ung canon par les cheveux,
Qui me vint cheoir tout droit en barbe :