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POÉSIES

Plusieurs ont leurs vins vendangez
Et beu quasy jusqu’à la lye.
Or advint qu’une grant mesgnie
De compaignons se rencontrèrent.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Et, sans trouver la saison chère,
Chascun d’eulx se resjouyssoit
Disant bons motz, faisant grant chère ;
Par ce point le temps se passoit.
Mais l’ung d’iceulx promis avoit
De coucher avec une garce,
Et aux aultres le racontoit,
Par jeu, en manière de farce.

Tant parlèrent du bas mestier,
Que fut conclud, par leur façon,
Qu’ilz yroyent ce soir-là coucher
Près le gibet de Montfaulcon,
Et auroyent pour provision
Ung pasté de façon subtile,
Et meneroyent, en conclusion,
Avec eulx chascun une fille.

Ce pasté, je vous en respons,
Fut faict sans demander qu’il couste,
Car il y avoit six chapons,
Sans la chair, que point je n’y boute.
On y eust bien tourné le coute,
Tant estoit grant, point n’en doubtez.
Le Prince des Sots et sa routte
En eussent esté bien souppez.