Page:Œuvres complètes de François Villon.djvu/27

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REMARQUES PHILOLOGIQUES.

La langue de Villon est encore la vieille et bonne langue française, riche et simple, claire, naturelle, l’allure vive et franche. C’est encore la langue des fabliaux, assouplie, mais presque entièrement préservée de l’invasion des mots pédantesques forgés dans la seconde moitié du xve siècle. Le Glossaire, dont l’étendue est grande relativement à celle du livre, n’offre qu’un petit nombre de ces mots. En revanche, il en contient beaucoup d’autres dont la perte est regrettable.

Villon était très-sévère pour la rime. Aussi, lorsque nous rencontrons à la fin de ses vers quelque chose qui nous paraît anormal, nous devons nous garder de l’expliquer par une négligence du poëte. Il faut chercher d’autres raisons ; cela peut amener des observations intéressantes.

Par exemple, lorsqu’il fait rimer e avec a[1], cela prouve, ainsi que Marot l’a remarqué, que Villon prononçait, à la parisienne, a pour e.

Lorsqu’il fait rimer oi, oy, avec ai, ay, é[2], cela prouve que ce que nous appelons la diphtongue oi se prononçait é ou è.

S’il fait rimer Changon, Nygon, escourgon, avec donjon[3], c’est que, dans certains cas, le g se prononçait j.

  1. Robert, haubert, avec pluspart, poupart (p. 11 et 12) ; La Barre, feurre, avec terre, querre (p. 14) ; appert avec part, despart (p. 44), etc.
  2. Chollet avec souloit (p. 14) ; exploictz avec laiz (p. 17) ; moyne, essoyne, royne, avec Seine (p. 34), etc.
  3. Pages 12 et 13.