Page:Œuvres complètes de François Villon.djvu/86

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Amour dure, plus que fer, à mascher ;
Nommer que puis de ma deffaçon sœur,
Cherme felon, la mort d’ung povre cueur,
Orgueil mussé, qui gens met au mourir ;
Yeulx sans pitié ! ne veult droicte rigueur,
Sans empirer, ung pauvre secourir ?

Mieulx m’eust valu avoir esté crier
Ailleurs secours, c’eust esté mon bonheur :
Rien ne m’eust sceu hors de ce fait chasser ;
Trotter m’en fault en fuyte à deshonneur.
Haro, haro, le grand et le mineur !
Et qu’est cecy ? mourray, sans coup ferir,
Ou pitié veult, selon ceste teneur,
Sans empirer, ung povre secourir.

Ung temps viendra, qui fera desseicher,
Jaulnir, flestrir, vostre espanie fleur :
Je m’en risse, se tant peusse marcher,
Mais nenny : lors (ce seroit donc foleur)
Vieil je seray ; vous, laide, et sans couleur.
Or, beuvez fort, tant que ru peult courir.
Ne donnez pas à tous ceste douleur,
Sans empirer, ung povre secourir.

ENVOI.

Prince amoureux, des amans le greigneur,
Vostre mal gré ne vouldroye encourir ;
Mais tout franc cueur doit, par Nostre Seigneur,
Sans empirer, ung povre secourir.