Page:Œuvres complètes de Guy de Maupassant, X.djvu/121

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Et les quatre mandataires retournèrent vers leurs clients.

Maze, assis maintenant devant sa table, agité par l’émotion du duel possible, bien que s’attendant à voir reculer son adversaire, regardait successivement l’une et l’autre de ses joues dans un de ces petits miroirs ronds, en étain, que tous les employés cachent dans leur tiroir pour faire, avant le départ du soir, la toilette de leur barbe, de leurs cheveux et de leur cravate.

Il lut les lettres qu’on lui soumettait et déclara avec une satisfaction visible : « Cela me parait fort honorable. Je suis prêt à signer. »

Lesable, de son côté, avait accepté sans discussion la rédaction de ses témoins, en déclarant : « Du moment que c’est là votre avis, je ne puis qu’acquiescer. »

Et les quatre plénipotentiaires se réunirent de nouveau. Les lettres furent échangées ; on se salua gravement, et, l’incident vidé, on se sépara.

Une émotion extraordinaire régnait dans l’administration. Les employés allaient aux nouvelles, passaient d’une porte à l’autre, s’abordaient dans les couloirs.

Quand on sut l’affaire terminée, ce fut une déception générale. Quelqu’un dit : « Ça ne fait toujours pas un enfant à Lesable. » Et le