vées sur ses bras nus, poissés de jus sucré. Elle demanda, inquiète :
— Qu’est-ce que vous avez, mon ami ; vous n’êtes pas malade ?
Il reprit :
— Non, ma chère amie, mais je veux vous demander une chose qui a pour moi beaucoup d’importance, et qui me torture le cœur. Me promettez-vous de me répondre franchement ?
Elle sourit.
— Je suis toujours franche. Dites.
— Voilà. Je vous ai aimée du jour où je vous ai vue. Vous en étiez-vous doutée ?
Elle répondit en riant, avec quelque chose de l’intonation d’autrefois :
— Gros bête, va ! Je l’ai bien vu du premier jour !
Saval se mit à trembler ; il balbutia :
— Vous le saviez ?… Alors…
Et il se tut.
Elle demanda :
— Alors ?… Quoi ?
Il reprit :
— Alors… que pensiez-vous ?… que… que… Qu’auriez-vous répondu ?
Elle rit plus fort. Des gouttes de sirop lui coulaient au bout des doigts et tombaient sur le parquet.