Page:Œuvres complètes de Guy de Maupassant, XI.djvu/160

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— C’est bon, mon chat, c’était seulement pour savoir. Attends-moi ici une minute, je reviens tout à l’heure.

Et elle me laissa dans l’obscurité. J’entendis qu’elle fermait deux portes, puis il me sembla qu’elle parlait. Je fus surpris, inquiet. L’idée d’un souteneur m’effleura. Mais j’ai des poings et des reins solides. « Nous verrons bien », pensai-je.

J’écoutai de toute l’attention de mon oreille et de mon esprit. On remuait, on marchait doucement, avec de grandes précautions. Puis une autre porte fut ouverte, et il me sembla bien que j’entendais encore parler, mais tout bas.

Elle revint, portant une bougie allumée :

— Tu peux entrer, dit-elle.

Ce tutoiement était une prise de possession. J’entrai, et après avoir traversé une salle à manger où il était visible qu’on ne mangeait jamais, je pénétrai dans la chambre de toutes les filles, la chambre meublée, avec des rideaux de reps, et l’édredon de soie ponceau tigré de taches suspectes.

Elle reprit :

— Mets-toi à ton aise, mon chat.

J’inspectais l’appartement d’un œil soupçonneux. Rien cependant ne me paraissait inquiétant.