Page:Œuvres complètes de Guy de Maupassant, XVI.djvu/253

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amis, cinq ou six valets laboureurs pour ces salves de mousqueterie. On trouva qu’il se conduisait bien.

Le repas eut lieu à l’auberge de Polyte Cacheprune. Vingt couverts avaient été mis dans la grande salle où l’on dînait aux jours de marché ; et l’énorme gigot tournant devant la broche, les volailles rissolées sous leur jus, l’andouille grésillant sur le feu vif et clair, emplissaient la maison d’un parfum épais, de la fumée des charbons francs arrosés de graisse, de l’odeur puissante et lourde des nourritures campagnardes.

On se mit à table à midi ; et la soupe aussitôt coula dans les assiettes. Les figures s’animaient déjà ; les bouches s’ouvraient pour crier des farces, les yeux riaient avec des plis malins. On allait s’amuser, pardi.

La porte s’ouvrit, et le père Amable parut. Il avait un air mauvais, une mine furieuse, et il se traînait sur ses bâtons, en geignant à chaque pas pour indiquer sa souffrance.

On s’était tu en le voyant paraître ; mais soudain, le père Malivoire, son voisin, un gros plaisant qui connaissait toutes les manigances des gens, se mit à hurler, comme faisait Césaire, en formant porte-voix de ses