Page:Œuvres complètes de H. de Balzac, II.djvu/132

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de solitaire. Je veux savoir ta pensée sur l’Estorade, comme tu veux sans doute la mienne sur Macumer. Écris-moi de ta dernière couchée. Mes hommes veulent aller au-devant de nos illustres hôtes. Viens, reine de Paris, viens dans notre pauvre bastide où tu seras aimée !



XXXIV

DE MADAME DE MACUMER À LA VICOMTESSE DE L’ESTORADE.


Avril 1826.

L’adresse de ma lettre t’annoncera, ma chère, le succès de mes sollicitations. Voilà ton beau-père comte de l’Estorade. Je n’ai pas voulu quitter Paris sans t’avoir obtenu ce que tu désirais, et je t’écris devant le garde des sceaux, qui m’est venu dire que l’ordonnance est signée.

À bientôt.



XXXIV

MADAME DE MACUMER À MADAME LA VICOMTESSE DE L’ESTORADE.


Marseille, juillet.

Mon brusque départ va t’étonner, j’en suis honteuse ; mais, comme avant tout je suis vraie et que je t’aime toujours autant, je vais te dire naïvement tout en quatre mots : je suis horriblement jalouse. Felipe te regardait trop. Vous aviez ensemble au pied de ton rocher de petites conversations qui me mettaient au supplice, me rendaient mauvaise et changeaient mon caractère. Ta beauté vraiment espagnole devait lui rappeler son pays et cette Marie Hérédia, de laquelle je suis jalouse, car j’ai la jalousie du passé. Ta magnifique chevelure noire, tes beaux yeux bruns, ce front où les joies de la maternité