Page:Œuvres complètes de H. de Balzac, III.djvu/354

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maisons de campagne construites il y a cent ans. Évidemment cette maison avait été bâtie sur les ruines de quelque petit castel perché là comme un anneau qui rattachait le Croisic et le bourg de Batz à Guérande, et qui seigneurisait les marais. Un péristyle avait été ménagé au bas de l’escalier. D’abord une grande antichambre planchéiée, dans laquelle Félicité mit un billard ; puis un immense salon à six croisées dont deux, percées au bas du mur de pignon, forment des portes, descendent au jardin par une dizaine de marches et correspondent dans l’ordonnance du salon aux portes qui mènent l’une au billard et l’autre à la salle à manger. La cuisine, située à l’autre bout, communique à la salle à manger par une office. L’escalier sépare le billard de la cuisine, laquelle avait une porte sur le péristyle, que mademoiselle des Touches fit aussitôt condamner en en ouvrant une autre sur la cour. La hauteur d’étage, la grandeur des pièces ont permis à Camille de déployer une noble simplicité dans ce rez-de-chaussée. Elle s’est bien gardée d’y mettre des choses précieuses. Le salon, entièrement peint en gris, est meublé d’un vieux meuble en acajou et en soie verte, des rideaux de calicot blanc avec une bordure verte aux fenêtres, deux consoles, une table ronde ; au milieu, un tapis à grands carreaux ; sur la vaste cheminée à glace énorme, une pendule qui représentait le char du soleil, entre deux candélabres de style impérial. Le billard a des rideaux de calicot gris avec des bordures vertes et deux divans. Le meuble de la salle à manger se compose de quatre grands buffets d’acajou, d’une table, de douze chaises d’acajou garnies en étoffes de crin, et de magnifiques gravures d’Audran encadrées dans des cadres en acajou. Au milieu du plafond descend une lanterne élégante comme il y en avait dans les escaliers des grands hôtels et où il tient deux lampes. Tous les plafonds, à solives saillantes, ont été peints en couleur de bois. Le vieil escalier, qui est en bois à gros balustres, a, depuis le haut jusqu’en bas, un tapis vert.

Le premier étage avait deux appartements séparés par l’escalier. Elle a pris pour elle celui qui a vue sur les marais, sur la mer, sur les dunes, et l’a distribué en un petit salon, une grande chambre à coucher, deux cabinets, l’un pour la toilette, l’autre pour le travail. Dans l’autre partie de la maison, elle a trouvé de quoi faire deux logements ayant chacun une antichambre et un cabinet. Les domestiques ont leurs chambres dans les combles. Les deux appar-