Page:Œuvres complètes de Juvénal et de Perse, 1861.djvu/230

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que l'âme et le corps d'un esclave sont pétris du même limon que les nôtres ? Ne les élévera-t-il pas plutôt dans des habitudes de cruauté, ce moderne Antiphate, cet autre Polyphème, la terreur de ses lares, qui se plaît au milieu des plus cruels supplices, et pour qui le sifflement des fouets est plus doux que le chant des Sirènes ? Il est heureux, toutes les fois que la main du bourreau marque d'un fer rouge le front d'un esclave pour deux serviettes volées ? Quels conseils donnera-t-il à un jeune homme, lui qui trouve ses délices dans le cliquetis des chaînes, dans le spectacle des tortures et des cachots ? Veux-tu que la fille de Larga ne soit pas adultère, lorsqu'elle ne pourrait, même avec la plus rapide volubilité, énumérer tous les amants de sa mère, sans reprendre haleine trente fois ? Vierge encore, elle fut sa confidente : aujourd'hui, elle écrit, sous sa dictée, des billets amoureux qu'elle envoie par les ministres infâmes dont se servait Larga. Ainsi le veut la nature : les exemples domestiques nous corrompent plus sûrement et plus vite, lorsqu'ils ont pour eux une si imposante autorité. Peut-être n'atteindront-ils pas un ou deux enfants que Prométhée, par une faveur particulière, aura formés d'une