Page:Œuvres complètes de Juvénal et de Perse, 1861.djvu/240

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l'emporta sur Télamon, et Achille sur Pélée. Epargne sa jeunesse : le levain du vice qu'il reçut en naissant n'a pas assez fermenté. Laisse pousser sa barbe, attends qu'il commence à se raser, tu le verras porter un faux témoignage, et vendre le parjure à vil prix, au pied même de la statue de Cérès. C'en est fait de ta bru, si elle passe le seuil de ta porte avec la dot qui doit lui être fatale : pendant son sommeil, elle sentira sa gorge pressée par les doigts de son homicide époux. Ce que tu lui proposes d'acquérir en parcourant et la terre et les mers, un chemin plus court le lui donnera. Quelle peine coûte un grand crime ? Jamais, diras-tu quelque jour, je ne lui conseillai de tels forfaits. Ils n'en sont pas moins le fruit de tes leçons. Quiconque allume dans un jeune coeur le désir des richesses, et par d'imprudents avis lui donne le goût de l'avarice, a brisé pour lui tous les freins ; il a lâché les rênes à des coursiers fougueux. En vain il voudrait les retenir ; méconnaissant sa voix, ils emportent loin des bornes et le char et le maître. L'homme, naturellement disposé à étendre la liberté qu'on lui accorde, ne croit jamais avoir assez profité de la permission de faire le mal.