Page:Œuvres complètes de Maximilien de Robespierre, tome 1.djvu/149

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brillé sous vos yeux, et dont vous avez joui vous-mêmes dans le commerce de l’illustre Citoyen que vous regrettez ? Combien de faits intéressans ne pourriez-vous pas nous apprendre, qui sont perdus pour le Public, et qui échappent nécessairement à une plume étrangère ?

Mais comment s’occuper des vertus de Gresset, sans penser à ce respectable Prélat, dont il fut le disciple et l’ami ? LAMOTHE ET GRESSET, que vos noms soient toujours unis, comme vos âmes le furent autrefois. Qu’ils volent ensemble à la postérité pour l’honneur et pour l’instruction de l’humanité. Que Gresset soit à jamais le modèle des gens de lettres, et Lamothe l’exemple des Prélats ! Lamothe ! Grâce à vos vertus, nous avons cru voir un de ces saints Évêques qui, jadis, illustrèrent le berceau du Christianisme, revivre au milieu de nous pour consoler la Religion éplorée, et affermira (sic) la piété chancelante. Dévoué tout entier au bonheur du troupeau qui vous étoit confié, vous mettiez votre félicité à vivre auprès de lui, et votre gloire à faire son bonheur ; l’éclat et les richesses attachées à votre dignité, ne furent entre vos mains que les instrumens de votre bienfaisance et de votre charité. Illustre Prélat, recevez l’hommage de toutes les ames honnêtes et sensibles ; la vertu chez vous n’eut rien de la rudesse que lui prête quelquefois une humeur dure et sauvage ; sévère envers vous-même, vous fûtes indulgent pour les autres. Votre zèle étoit pur ; votre cœur étoit doux, votre esprit aimable et éclairé ; votre vie fut le modèle des peuples soumis à votre autorité, et votre mort fut honorée de leurs larmes. Qu’il étoit difficile de les consoler de votre perte ! Vous leur laissâtes du moins un puissant motif pour adoucir leurs regrets dans le zèle et dans la piété d’un Prélat dès longtems associé par vous-même à vos nobles travaux ; c’étoit la destinée de l’Église d’Amiens d’être gouvernée successivement par des Évêques faits pour donner à un Siècle corrompu le spectacle des vertus qui brillèrent dans des tems plus heureux.

J’ai trop cédé peut-être au sentiment qui vient d’entraîner