Page:Œuvres complètes de Maximilien de Robespierre, tome 1.djvu/186

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On admire sur-tout le magistrat, qui ne perd jamais de vue les fonctions auxquelles il s’est généreusement consacré. Convaincu par une longue expérience, et plus encore par de profondes réflexions, que c’est des lois que dépendent le bonheur et la durée des empires, et que naissent tous les désordres tant reprochés à la méchanceté humaine, il se remplit des idées de réforme et d’amélioration, que sa bienfaisance et ses talens ont fait espérer à la France, et annoncé à toute l’Europe. Il n’entre point dans une ville, il ne traverse point une province, il ne visite point un gouvernement nouveau, qu’il n’examine les mœurs, les usages, les opinions du peuple, l’influence des grands, le génie ou le manège des ministres, les opérations grandes et franches, ou les petites combinaisons adroites et détournées des pouvoirs souverains : et l’on ne sait s’il est plus admirable dans cette étendue d’esprit qui saisit les détails, dans cette finesse qui démêle les nuances les plus déliées, dans cet instinct indéfinissable, quand on ne sait pas qu’une ame aimante le donne à un esprit juste ; ou dans cette sagesse profonde qui pèse au poids de la raison, les abus et les ridicules, dans cette philosophie toujours douce et raisonnable qui souffre les préjugés en même-temps qu’elle les condamne et les censure et dans cette sagacité longtemps exercée par la méditation qui lui fait démêler les ressorts cachés, d’où résultent chez le même peuple tant de mouvemens contradictoires en apparence, et qu’on s’étonne de voir ramener à une cause unique, avec cette simplicité qui caractérise le génie.

Il y a des hommes célèbres, dignes de nos hommages et des regards de la postérité ; mais dont l’éloge est fini lorsqu’on a une fois parlé où des batailles qu’ils ont gagnées, ou des grands talens qu’ils ont montrés dans l’administration de la chose publique, ou des services qu’ils ont rendus à la patrie dans les fonctions de la magistrature.

On ne connaîtrait qu’imparfaitement M. DUPATY, si l’on ignorait les précieuses qualités de son ame. Bon père, bon