Page:Œuvres complètes de Maximilien de Robespierre, tome 1.djvu/187

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époux, ami sûr : les talens, qui deviennent parfois un présent funeste par le mauvais usage qu’on en fait, semblaient ne lui avoir été donnés que pour mieux pratiquer les devoirs de l’homme et les vertus du sage.

Dans un siècle où tant d’autres tourmentés par l’ambition, épient tous les momens, recherchent toutes les occasions de s’élever, employent la plus grande partie de leur temps à briguer des places qui conduisent à la fortune ou au pouvoir, il montre ce noble désintéressement qui caractérisait les premiers philosophes ; il foule aux pieds les richesses auxquelles on sacrifie tout depuis qu’un luxe sans bornes a porté la corruption dans tous les ordres de la société.

Généreux et compatissant, il regarde l’inégalité des fortunes comme une injustice que l’on doit réparer en secourant l’indigence. Il suffit d’être malheureux pour avoir un droit à ses bienfaits. Il ne fait point rougir ceux à qui il les offre. Comment pourraient-ils en être humiliés ? il n’en exige aucune reconnaissance. Il veut surtout qu’ils restent ignorés.

Vous, qui faites payer si cher les secours que le besoin vous arrache à force d’importunités ; qui vous récriez sans cesse contre la foule des infortunés qui fatiguent vos yeux ; venez apprendre à rougir de votre insensibilité ! Savez-vous pourquoi il y a tant d’indigens ? C’est parce que vous tenez toutes les richesses dans vos mains avides. Pourquoi ce père, cette mère et ces enfans sont exposés à toute la rigueur des saisons, sans toit qui les couvre, souffrant les horreurs de la faim ? C’est parce que vous habitez des maisons somptueuses où votre or appelle tous les arts pour servir votre mollesse, et occuper votre oisiveté : c’est parce que votre luxe dévore en un jour la substance d’un millier d’hommes.

Ce n’est que parmi les sages que l’on trouve les exemples touchans de la vraie amitié, qui fut toujours la compagne fidelle de la vertu. Ce sentiment sublime et tendre, qui adoucit tant d’amertume, n’est point fait pour les méchans. Jamais il n’entra dans les âmes viles et corrompues. Qui mérita plus que M. DUPATY d’avoir des amis ? Les sacrifices