Ô mes amis que notre zèle
Par le doux Champagne excité
Pour cet ami cher et fidèle
Éclate en buvant sa santé,
Qu’une mousse vive et brillante
Lançant vingt bouchons vers les cieux
De notre allégresse éclatante
Soudain aille informer les dieux.
FRAGMENT D’UN POÈME SUR LE MOUCHOIR[1]
Mais pour ce noble emploi je ne veux point vous voir
Déploier, avec grâce, un superbe mouchoir,
Des mœurs de l’Orient évitez la mollesse
Et sçachez de vos doigts emploier la souplesse.
Dès longtems, je le sçais, un luxe dangereux
À ce honteux usage asservit nos ayeux :
Mais jadis les humains instruits par la nature
Sous un chêne fécond recueillant leur pâture
Se mouchoient sans mouchoir et vivoient plus heureux.
Le père des humains dans ses doigts vigoureux
Pressant bien mieux que nous son nés souple et docile
Sçavoit le dégager d’une humeur inutile.
Le coupable intérêt divise les familles ;
On aime le bon vin, on caresse les filles ;
Des cuisiniers trompeurs les perfides apprêts
Succédèrent au gland que donnoient les forêts.
Alors pour déjeuner il fallut des serviettes ;
Mais nul du bien d’autrui ne gardoit ses mains nettes
- ↑ Cette pièce a été publiée par M. Lucien Peise, dans sa brochure sur Quelques vers de Maximilien Robespierre, p. 31 ; nous avons respecté l’orthographe et la ponctuation du texte original.
Le manuscrit entier de ce poème figura dans une vente d’autographes (avril 1855 ; catalogue Laverdet).