semble nous indiquer un autre moien également simple ; encore plus efficace pour l’affoiblir.
Nous voions qu’il n’attache pas la honte seulement au supplice, mais à la forme même du supplice ; la roue, le gibet, comme je l’ai déjà observé, déshonore la famille de ceux qui périssent par ce genre de peine, mais le fer qui tranche une tête coupable n’avilit point les parens du criminel ; peu s’en faut même qu’il ne devienne un titre de noblesse pour la postérité.
Seroit-il impossible de profiter de cette disposition des esprits ; d’étendre à toutes les classes des citoiens cette dernière forme de punir les crimes ? Effaçons une distinction injurieuse qui semble ajouter à l’humiliation de ceux qui restent en but au préjugé et faire retomber sur eux tout le déshonneur dont les autres s’affranchissent : à la place d’une peine, qui, à la honte inséparable du supplice joint encore un caractère d’infamie qui lui est propre, établissons une autre espèce de peine a laquelle l’imagination est accoutumée d’attacher une sorte d’éclat, et dont elle sépare l’idée du deshonneur des familles ; peut-être ce changement indifférent en lui même en amenera-t-il un tres avantageux dans nos idées sur cet objet ; peut-être reconnoitrons-nous par une heureuse expérience, que dans ce qui tient à l’opinion surtout, les remèdes les plus simples sont souvent les plus salutaires.
Mais j’en vois un autre infiniment plus puissant, qui seul suffiroit pour extirper le mal et dont le succès me paroit absolument infaillible.
Les souverains le tiennent dans leurs mains ; pour anéantir ce préjugé fatal, qui semble avoir poussé de si profondes racines, ils n’ont pas besoin d’épuiser leurs trésors, ni de déploier toute leur puissance ; il leur suffira de l’attaquer. Que leur justice et leur humanité viennent au secours des malheureux qui sont unis par le sang aux coupables condamnés ; qu’ils ne souffrent pas que la route de la fortune et des honneurs leur soit fermée ; qu’ils ne dédaignent pas de